Utelle
La commune d’Utelle, à 8OOm d'altitude, allongé nord/sud comprend plusieurs hameaux et même quelques cimes (dont le Tournairet, 2 034 m). Située au confluent du Var et de la Vésubie, La pointe sud de la commune se trouve au confluent du Var et de la Vésubie, vallée et gorges du Var en moitié de limite ouest ; vallée et gorges de la Vésubie en moitié de limite est. Autrefois bourgade importante située au carrefour des sentiers muletiers de communication entre les vallées de la Tinée et de la Vésubie, prospère grâce au commerce du sel, Utelle n’est aujourd’hui qu’un tout petit village de moyenne montagne (70 habitants en hiver, 300 en été). Perché sur la crête, au sommet d’une pente raide où s’accrochent les oliviers, Utelle se mérite. Mais vous serez récompensés par la vue panoramique sur les sommets de la Haute Vésubie. La commune d'Utelle est l'une des plus étendues des Alpes-Maritimes : 6 590 hectares
Dès la plus haute antiquité, Utelle eut sa renommée. Elle formait avec Peille et Lucéram une République Ligure.
L'éthymologie de son nom Uels, c'est à dire Oeil, dit que sa position naturelle en fit de tout temps une sentinelle vigilante. Ses troupes se mesurèrent à celles de Jules César pour s'opposer au passage des Légions Romaines pendant la conquête de la Gaule. On trouvera encore, dans la rue Passeroni, une pierre taillée sur laquelle est inscrit le nom d'un Centurion romain: Ruffinus de la VIIIème légion.
L'importance du village était due à sa situation géographique. Importance du point de vue des voies de communication qui ignoraient les Vallées et serpentaient au flanc des montagnes qu'elles traversaient par les Cols. Utelle était l'étape avant ou après Nice sur la route des Alpes ou de l'Italie. Pendant plusieurs siècles, comme tout le Comté de Nice, Utelle demeurera sous le pouvoir des Comtes de provence.
Le 13 octobre 1388, Utelle prête serment au Comte de Savoie. Le 24 novembre 1793, le Général Masséna prend Castel Ginesté, ce qui lui permet de s'emparer d'Utelle. Les 15 et 16 avril 1860, le plébiscite a lieu et donne un vote massif en faveur de l'annexion à la France.
Important bourg développé sur une butte et poursuivi sur 2 arêtes latérales. Village de montagne mais de caractéristique encore méditerranéenne, constituant un bel ensemble médiéval. Vestiges de l'enceinte du vieux village abandonné au Moyen Age.Vous découvrirez sa place aux façades colorées, son imposante fontaine à têtes de lion du 19ème siècle, ses fresques en trompe-l’oeil dans des tons rose et jaune … et surtout l’église Saint Véran, à clocher roman, dont le majestueux porche gothique à colonnes abrite un remarquable portail en douze panneaux de bois sculptés qui racontent la vie de St Véran.
Restes des fortifications 16ème du village descendu : tour carrée. Centre urbain : maisons médiévales, rues en escaliers, arcs en ogive, portails; pierres aux inscriptions et gravures énigmatiques, belles maisons 17ème, Fontaine 19ème au fronton de style Renaissance. Cadrans solaires dont 2 du 17ème, à la mairie.
Eglise Saint-Véran (MH) 14ème/17ème : portail sculpté 1542 précédé d'un porche gothique 16ème, clocher carré surmonté d'une flèche, nef à colonnes et chapiteaux romans et préromans, voûtes décorées en stuc au 17ème, grand tableau de l'Annonciation 16ème, maître-autel et chaire 17ème, Christ au tombeau 13ème sous le maître-autel, retable de la Passion en bois 17ème ; trésor : plat à offrande 15ème, beaux ornements. Chapelle des Pénitents Blancs 17ème/18ème et son décor (MH)
Le Sanctuaire
Vers l'an 850, des Espagnols naviguant le long des côtes de Provence furent pris par une tempête terrible, près de l'embouchure du Var. Près de périr, ils firent vœu de bâtir un oratoire dédié à la Vierge si la tempête se calmait et si leur vie était sauve.
Pendant qu'ils priaient, la Reine du Ciel leur apparut et leur montra une montagne, éclatante de lumière, qui dominait toutes les vallées de la région. Le ciel y était serein, en effet, et cette sérénité s'étendit bientôt partout, le vent cessa et la tempête fut calmée en un instant. La puissante Mère de Dieu les avait exaucés et ils érigèrent un "Pilon" commémoratif du prodige.
Le "pilon" fut agrandi, transformé. Il devint une chapelle et nous voyons bientôt les Syndics d'Utelle et le Clergé y organiser de grands pèlerinages. Les évêques de Nice, et Rome même, encouragent cette dévotion.
Le pouvoir de Marie se manifesta toujours dans son sanctuaire des Miracles. En 1510, la fille du Syndic de Sospel, sourde-muette, fut guérie de son infirmité dans un voyage à cette antique chapelle.
Plus tard, le Comte de Tende, Georges Lascaris, fut guéri d'une longue et douloureuse maladie, après avoir fait vœu d'aller au sanctuaire d'Utelle.
Le sanctuaire eut beaucoup à souffrir des guerres. Pendant la révolution, il fut dévasté. La tourmente passée, les populations de la montagne aidèrent à la reconstruction du sanctuaire des Miracles en 1806.
De dix lieues à la ronde on vint travailler et offrir des dons en nature. Pas de route. Sur les épaules ou à dos de mulet, les matériaux arrivèrent à Miracles.
Pour fêter le millénaire de sa construction, l'on construisit un cloître autour de la chapelle qui fut inauguré en 1871. D'abord cloître ouvert, il fut très vite fermé par des murs épais ou seules de petites fenêtres laissent entrer le jour. De l'intérieur l'on peut très bien voir les piliers et les murs postérieurs. Sur le côté ouest se trouve un chemin de croix dû à un artiste local du 19ème siècle aussi.
La Statue Notre Dame des Miracles
La statue de la Vierge est une belle oeuvre très vraisemblablement du XVIIIème siècle en bois polychrome. Elle est composée d'un groupe de petits anges joufflus et rieurs, qui, soutenus par des nuages, emportent sur leurs ailes, de la terre vers le ciel, la Vierge Marie. Elle, sobrement vêtue d'une tunique à larges plis et la tête coiffée d'un voile exprime le ravissement de la vision béatifique; la tête est légèrement inclinée vers la terre; tout concourt à traduire l'extase de cette douce Vierge qui est déjà, dès son assomption, Reine du Ciel.
Les Etoiles
Les minuscules étoiles de la Madone d'Utelle ne sont autres que des articles d'animaux marins, des Crinoïdes, proches parents des oursins. Mais, alors que les Oursins sont des animaux libres de leurs déplacements, les Crinoïdes sont fixés à demeure au substrat ou sur des troncs d'arbres par un pédoncule plus ou moins long à l'extrémité duquel se situe le calice, c'est-à-dire l'animal proprement dit. Et le calice est doté de bras qui entourent la bouche et peuvent s'ouvrir comme les pétales d'une fleur. D'où le terme de Lys de mer qui sert parfois à les désigner.
Actuellement, ces animaux étranges existent encore et déterminent par endroits de vastes prairies sous-marines.
Jadis, ils étaient également très répandus et, après leur mort, la décomposition libérait, pour chaque animal, des centaines de pièces calcaires de formes parfois rondes, plus fréquemment étoilées, les articles qui composent la tige.
Ce sont précisément ces articles à cinq rayons qui se rencontrent sur les pentes de la Madone d'Utelle.
ll y a environ 140 millions d'années, la mer recouvrait à peu près en totalité, à l'exception d'une partie de la haute chaîne de l'Argentera-Mercantour, qui elle existait déjà, l'emplacement futur de la région niçoise. Aux environs de ce qui, beaucoup plus tard, deviendrait Utelle, le fond marin était couvert d'une pelouse à Crinoïdes de l'espèce Isocrinus peyroulensis dont les débris accumulés à profusion, se rencontrent dans les marno calcaires de l'étage Hauterivien (Crétacé inférieur).
Ensuite, beaucoup plus tard, le plissement alpin amena la surrection des Alpes-Maritimes. L'érosion libéra périodiquement de la roche les minuscules articles de Crinoïdes joints à d'autres fossiles que l'on peut récolter dans les environs d'Utelle
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Il convient de remarquer pour terminer que la forme même de ces pièces calcaires et le dessin étoilé qui les ornent peut rendre compte de la légende qui les entoure. Utelle n'est du reste pas un cas unique puisque dans des conditions similaires les articles d'un autre Crinoïde sont connus
aux environs de Digne où on les désigne sous le terme de pierres de Saint-Vincent du nom de la chapelle édifiée à l'emplacement de leur gisement principal.
Sur le plateau l'on trouve toujours de très nombreuses étoiles... en se baissant, clin d’œil de la nature, et de la vierge pour nous apprendre l'humilité et la simplicité.